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Automne

Bauchau L'enfant rieur.jpg« Je pense à tout cela en automne, sur le banc d’un jardin et je regarde un grand arbre doré qui étincelle au soleil. Il me semble que cet arbre rit. Il rit avec ses merveilleuses feuilles qui vont bientôt tomber. Il ne s’esclaffe pas, il rit comme le Dieu seul peut rire. A l’époque de Hitler, je partage consciemment la conviction répandue en France, en Belgique et dans les pays anglo-saxons que l’armée française est la meilleure du monde. Au fond de moi-même pourtant, quelque chose me dit, et le dit peut-être à beaucoup d’autres, que ce n’est pas vrai, que nous irons à la défaite. Personne n’imagine ce qui est en train de naître dans les profondeurs de l’histoire. Nous vivons notre minuscule conscient en ignorant les énormes forces que recèle ce redoutable inconnu, ce monstre de beauté et d’horreur qu’est l’inconscient.

L’arbre d’automne, le tulipier de Virginie, me regarde toujours en riant comme le Dieu. »

 

Henry Bauchau, L’enfant rieur

Commentaires

  • Dans mon enfant rieur à moi (=l'exemplaire que j'ai dans ma petite bib perso ;-), j'ai retrouvé cet extrait que j'avais souligné. Merci Tania. Et je m'en vais retrouver ce tulipier de Virginie dans la forêt, il fait si beau aujourd'hui !

  • tiens, j'en ai justement photographié un dans le square, ce matin :-)
    (je me souviens très bien de ce passage!)

  • Tania participe avec talent au « devoir de mémoire » que les médias ne cessent de susciter en rappelant aux générations du confort et de la paix que les deux grandes guerres ont marqué l’histoire de l’ignominie des uns et de l’héroïsme des autres … Ces hostilités mondiales ne se distinguaient des autres conflits du passé que par l’ampleur de leur horreur, de leur cruauté et de l’étendue de leurs massacres …

    La dernière de 40-45 atteignit les sommets de l’horreur … Comment les compatriotes de tant de grands écrivains, poètes, acteurs et musiciens ont-ils pu soutenir les actions démentielles d’un dictateur malade mental ? … Il a fallu le sacrifice mortel de millions d’anglais et d’américains pour sauver notre civilisation démocratique … Il ne faut jamais l’oublier !!!

    Tania, plus que d’autres a connu la souffrance de ses proches, les héros de cette époque : Son grand-père, déporté à Buchenwald, sa mère, héroïque résistante, son oncle, leur courageux chef, auteur de nombreuses actions héroïques, fusillé dans les derniers jours de la guerre par des fous furieux et son petit frère torturé pour révéler la cache de sa mère et qui est resté marqué à vie … (Voir leur histoire sur 00.04 dans mon blog ou mon site « Propos d’un octogénaire »)

    N’oublions pas que c’est aussi à ces soldats de l’ombre que nous devons le confort et la quiétude de notre vie de tous les jours … II est impérieux qu’on le rappelle aux générations actuelles qui se plaignent souvent d’une existence qu’ils jugent difficile …

    Il est important aussi qu’ils réalisent que l’avenir de leurs enfants et petits-enfants est entre leurs mains et que la seule solution possible à la surpopulation de la planète, en dehors du massacre des plus faibles par les plus forts, ne sera qu’une entente mondiale de gestion de la planète … (Voir mes efforts dans ce sens sur mon blog et mon site « Propos d’un octogénaire)

    C’est un grand-père de quatre-vingts cinq ans, avec un pacemaker et à moitié aveugle, qui survit courageusement pour sauver l’avenir de ses petits-enfants et des générations futures …

  • "Nous vivons notre minuscule conscient en ignorant les énormes forces que recèle ce redoutable inconnu, ce monstre de beauté et d’horreur qu’est l’inconscient."
    En effet comment expliquer autrement toutes les barbaries , toutes les guerres, tous les conflits, les meurtres, les tueries.
    L'humanité a été traversée par toutes ces horreurs mais la "dernière guerre" a été le summum de ce que la folie humaine peut engendrer .
    Merci à Doulidelle pour ce très émouvant rappel qui nous aide beaucoup mieux à comprendre le choix des extraits des livres lus par Tania.
    Merci infiniment Tania de nous faire partager avec tout votre talent et grâce à vos choix, votre mémoire, vos émotions, vos douleurs et vos espoirs aussi.

  • Les arbres rient tandis que "Personne n’imagine ce qui est en train de naître dans les profondeurs de l’histoire.", ce qui ne manque pas d'ébranler nos consciences...
    Pas de tulipiers ici, je vais voir à quoi il ressemble.
    Bon dimanche Tania!

  • @ MH : Bonjour MH, contente de partager cet extrait et de vous retrouver ici. Du très beau temps pour les promenades ce week-end, oh oui.

    @ Adrienne : Les arbres sont encore plus irrésistibles à cette saison, ici le ginkgo se défeuille de son or, le vent souffle fort aujourd'hui.

    @ Doulidelle : La mémoire de la seconde guerre mondiale est forte dans notre famille, c'est vrai. J'en reparlerai bientôt, puisque ma cousine Linda expose dans une semaine ses œuvres inspirées par le devoir de mémoire, qu'elle explore bien au-delà de nos archives familiales (tu peux en voir l'invitation ici :
    http://textespretextes.blogs.lalibre.be/archive/2014/10/14/l-espece-humaine-1135659.html ) et j'y consacrerai certainement un billet.
    Bon dimanche, Doulidelle, merci d'entretenir la flamme du souvenir et de te soucier de notre avenir à tous. Courage pour tout.

    @ Gérard : Merci, Gérard. Nous avons regardé récemment sur Arte "Paul Grüninger, le juste" qui évoque très bien cette priorité donnée à l'attention aux êtres humains qui est, paradoxalement, une des grandes leçons de l'Holocauste.
    http://www.arte.tv/guide/fr/047835-000/paul-gruninger-le-juste
    Pour ce qui est de la résistance, et des souvenirs personnels rappelés par Doulidelle, je vous renvoie aux billets que je leur ai consacrés en novembre 2009 : http://textespretextes.blogs.lalibre.be/archive/2009/11/19/un-resistant.html
    En ce jour des morts, permettez-moi de penser aussi à vos chers disparus, si présents dans votre cœur.

    @ Colo : Bien heureuse que tu soulignes ce rire des arbres et de la lumière. Bon dimanche, Colo.

  • depuis le temps que je dis que je veux lire bauchau, surtout lorsqu'à chaque fois je découvre un joli texte chez toi, tania - il serait temps que je m'y mette

  • @ Niki : Les auteurs attendent leur heure, ils sont très patients. Bonne journée, Niki.

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