« Quand Arthur venait prendre le thé chez moi, Frl. Schroeder mettait sa robe décolletée en velours noir, son rang de perles acheté à Prisunic, et c’était avec du rouge aux joues et du noir aux paupières qu’elle lui ouvrait la porte ; elle évoquait alors une caricature de Marie Stuart. Je le fis observer à mon ami, qui s’en montra enchanté.
« Vraiment, William, vous êtes d’une malveillance… Vous dites des choses tellement dures… Ma parole, je commence à redouter votre langue. »
Mais dans la suite il adopta l’habitude, en parlant de Frl. Schroeder, de la nommer Sa Majesté. « La divine Schroeder » était son autre surnom favori.
Qu’il fût ou non pressé, toujours il trouvait le temps de flirter quelques minutes avec elle, lui portant bonbons, fleurs, cigarettes, compatissant aux moindres fluctuations de la délicate santé de Hanns, son canari. »
Christopher Isherwood, Mr. Norris change de train
Commentaires
Un ton, oui, en effet, une désinvolture chique, le trait subtil. Prisunic, un autre siècle.
Toujours ce foisonnement de belles lectures, ici ! Merci, Tania, de nous en faire profiter. Bon week-end.
@ Christw : Chic ou chiqué, c'est ce que le récit montrera.
@ Danièle : Merci, Danièle, bon week-end.
Trouver et/ou prendre le temps de flirter un peu, ah que c'est important et si souvent oublié...
@ Colo : Surtout en langage fleuri, cela devient une rareté. Bonne soirée, dame Colo.
Je n'aurais pas dû accorder chic, il aurait mieux rimé. Sorry.
Oh, cette petite touche XIXe dans la graphie ne m'a pas gênée, au contraire, et j'ai pris la balle au bond comme vous voyez. Le chic du Prisunic, bien vu ! Pour tout vous dire, pour moi cela rime en ce moment avec bronchitique, et c'est beaucoup moins drôle. Bon dimanche, Christw.
j'aime ce type de roman et c'est un plaisir de trouver chez toi des romans très attirants
Je me suis régalée en le lisant - bon appétit, Dominique.