« Les mois passaient. Elle se taisait. Elle se rétablissait pourtant. Mais se retrouvait autre. Perdues en chemin, dans le puits de ce néant, ses réserves de rire, de gaminerie, éclaboussements inutiles et bruyants de sa jeunesse. Elle était calme maintenant. Silencieuse, le plus souvent. Nullement triste, bien qu’Ali, avec inquiétude, la secouât parfois : « Qu’as-tu ? A quoi penses-tu ? Parle donc ! Tu as l’habitude de tant parler ! » Elle parlait mais ne retrouvait que ce ton grave, un peu défait dont les résonances nouvelles étonnaient. »
Assia Djebar, Les enfants du nouveau monde
Commentaires
"J'écris pour me parcourir" dit-elle. Mais tout de même elle regarde et écoute les autres. Dans votre description précédente, on perçoit le poids de la violence des hommes à l'égard des femmes et en Algérie, pendant la guerre, les femmes ont sans doute servi d'exutoire à la violence que la guerre propage dans les êtres.
Le puits avec tous les éclats qu'il a accueillis peut-il être encore de néant?
@ Zoë Lucider : La guerre exacerbe toutes les souffrances, Djebar les fait ressentir d'une voix comme étouffée, mais les choses sont dites.
@ La bacchante : Eclaboussures, éclats, échos...
J'ai très envie de la lire, j'ai découvert Maïssa Bey et ai envie de continuer à découvrir ces auteures.
Bonjour, Anis. Je ne connais pas encore Maïssa Bey, je vais donc faire un tour sur Litterama.