« C’est le sermon du pasteur Green que vous écoutez ? elle demande.
- Oui, ma’am, c’est ça. »
Miss Skeeter fait un genre de sourire. « Ça me rappelle ma bonne, quand j’étais petite.
- Ah, je l’ai connue, Constantine », je dis.
Miss Skeeter laisse la fenêtre pour me regarder. « C’est elle qui m’a élevée, vous le saviez ? »
Je fais oui de la tête, mais je regrette d’avoir parlé. Je connais trop bien cette situation.
« J’ai cherché à me procurer l’adresse de sa famille à Chicago, dit Miss Skeeter, mais personne n’a pu me renseigner.
- Je ne l’ai pas non plus, ma’am. »
Miss Skeeter regarde encore par la fenêtre la Buick de Miss Hilly. Elle secoue la tête, à peine. « Aibileen, cette discussion tout à l’heure… Ce qu’a dit Hilly. Enfin… »
Je prends une tasse à café et je me mets à la frotter bien fort avec mon torchon.
« Vous n’avez jamais envie de… changer les choses ? » elle demande.
Et là, c’est plus fort que moi. Je la regarde bien en face. Parce que c’est une des questions les plus idiotes que j’aie jamais entendues. Elle a l’air perdue, dégoûtée, comme si elle avait mis du sel au lieu de sucre dans son café.
Je me remets à frotter, comme ça elle ne me voit pas lever les yeux au ciel. « Oh non, ma’am, tout va bien. »
Commentaires
Question des années 60 :
- "Toi la bonne, où niches-tu ?"
Un roman à rapprocher du récent film français "Les femmes du 6° étage" et encore trop proche de ce que l'on voit dans le monde d'aujourd'hui!
@ JEA : Et qu'y répondait-on ?
@ Nymphette : Bienvenue ! A rapprocher, en effet, et y ajouter le terrible racisme ordinaire envers les Noirs dans les Etats du Sud.