« Avant de rejoindre Paris pour s’occuper des derniers préparatifs de sa saison, Diaghilev eut un autre geste inattendu : il alla prier au monastère de la Trinité-Saint-Serge près de Moscou. Il partit aux aurores, emportant pour déjeuner quelques œufs cuits, du pain noir et du sel. En ce dimanche de printemps, il traversa les remparts de l’enceinte aux treize églises par la Porte sainte. Les coupoles bleues parsemées d’étoiles de la cathédrale de l’Assomption brillaient sous le soleil, tout comme les dômes dorés des cathédrales de la Dormition et de l’Archange. Il choisit d’entrer se recueillir à La Trinité, la plus ancienne et la plus austère de ces églises.
Diaghilev n’était pas pratiquant, mais il demeurait très sensible à la beauté des rites. La messe orthodoxe, à ses yeux, était un acte de foi collectif qui révélait l’âme de la nation. »
Fédorovski, Le roman de l’âme slave
Commentaires
Chère Tania, … On sent chez toi cet attachement profond pour une certaine culture russe, que ton voyage dans la terre de leurs grands écrivains s’exprimant en français n’a fait que renforcer … Ils ont enrichi le génie français de l’écriture de la profondeur de l’âme slave que Vladimir Fédorovski, Russe naturalisé français, dont tu nous fais découvrir le talent, est le porte-parole qui a l'art de nous faire apprécier l’exceptionnelle profondeur de son pays, exprimée avec le génie de la langue française… Quelle magnifique alchimie … ! Malgré mes handicaps visuels, je vais essayer de le lire … par morceaux… !!!
On parle beaucoup de Diaghilev cette semaine à la radio, à cause de la réouverture du théâtre de la Gaieté Lyrique à Paris, là où il donnait ses ballets (dédié maintenant aux arts numériques et musiques actuelles). C'était bien loin de sa Russie natale.
Autres temps, autres moeurs... Voilà qui est de haute tenue quand on assiste aujourd'hui au théâtre de boulevard d'un Président se rendant avec sons et mulières au Puy-en-Velay. Non pour s'y recueillir mais pour re-cueillir des voix. Comme un captage de l'héritage catholique de l'histoire de France. Et le Ministre-Maire du Puy en profite pour reprocher à nouveau à DSK son absence de racines. Ces gens-là semblent confondre un lieu inspiré et le Fouquet's.
Désolé de ne pas être venu ces derniers temps, mais j'ai manqué de temps et ma liste de blogs amis s'allongeant de plus en plus, impossible d'être partout. A chaque fois, j'apprends grâce à toi beaucoup de choses sur des univers culturels qui me sont peu connus. Merci et bravo! Je te souhaite un bon dimanche.
@ Doulidelle : Bien avant que je mette les pieds en Russie, les Tolstoï, Dostoïevski et Tchekhov lus en rhétorique ont parlé à mon âme et ce dialogue reste vivant plus que jamais.
@ Aifelle : J'ai lu un article sur ce nouvel espace, un théâtre des arts numériques, cela fait très nouveau siècle !
@ JEA : L'ère de la communication ou l'ère du mensonge ? Ecoeurantes comédies en Belgique aussi, hélas, et le mauvais spectacle est interminable, de surcroît.
@ Un petit Belge : Pas de problème, je fais comme toi, des jours de moisson et des jours ailleurs que devant un écran. Bonne semaine.