Avec Ensor et Verhaeren / 7
« L’entrée dans le royaume des masques, dont James Ensor est roi, se fit lentement, inconsciemment, mais avec une sûre logique. Ce fut la découverte d’un pays, province par province, les lieux pittoresques succédant aux endroits terribles et les parages tristes prolongeant ou séparant les districts fous. Grâce à ses goûts, mais aussi grâce à son caractère, James Ensor n’a vécu pendant longtemps qu’avec des êtres puérils, chimériques, extraordinaires, grotesques, funèbres, macabres, avec des railleries faites clodoches, avec des colères faites chienlits, avec des mélancolies faites corque-morts, avec des désespoirs faits squelettes. »
Emile Verhaeren, Sur James Ensor (1908), Complexe, 1990.
Commentaires
Comme je l’ai signalé par ailleurs, j’ai cauchemardé ces masques et ces épouvantes de cimetière quand adolescent malade j’imaginais un destin peut-être proche … Ils sont lamentablement pathétiques ces masques … loin du carnaval … : après les masques singuliers (second tableau) … viendront les squelettes …
Entrée dans le royaume des masques, (dont James Ensor est roi dit Verhaeren …) avec des mélancolies faites croque-morts, avec des désespoirs faits squelettes …
Bon et joyeux week-end, à nous qui « jouissons » merveilleusement de la vie …
Très bel extrait, merci Tania.
Oui, comme MH, je trouve cet extrait superbe.
Personnages masqués ou marionettes dans le second tableau? Les deux sans doute.
A bientôt...peut-être?
Très en harmonie avec le tableau (génial) du haut, ce texte splendide de Verhaeren qui fut un de mes poètes préférés à l'école. Comme j'ai aimé ses poésies apprisent en ce temps-là : "Décembre", "En hiver" ou "L'aube, l'ombre, l'espace et les étoiles". Quelle gentillesse émanait pour moi, de ces belles rimes ! Même si, au fond, elles sont bien un peu angoissées. Tristes mais douces et belles, comme l'hiver qu'il décrit si bien.
J'ai découvert Ensor avec ces masques et j'avoue qu'ils m'ont plutôt fait fuir. Je préfère de loin ses paysages.