Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mauve agitation

Pause printanière / 1      

P Monet, Nymphéas 1908.jpg

Or quand le pianiste eut joué, Swann fut plus aimable encore avec lui qu’avec les autres personnes qui se trouvaient là. Voici pourquoi :
L’année précédente, dans une soirée, il avait entendu une œuvre musicale exécutée au piano et au violon. D’abord, il n’avait goûté que la qualité matérielle des sons sécrétés par les instruments. Et ç’avait déjà été un grand plaisir quand au-dessous de la petite ligne du violon mince, résistante, dense et directrice, il avait vu tout d’un coup chercher à s’élever en un clapotement liquide, la masse de la partie de piano, multiforme, indivise, plane et entrechoquée comme la mauve agitation des flots que charme et bémolise le clair de lune. Mais à un moment donné, sans pouvoir nettement distinguer un contour, donner un nom à ce qui lui plaisait, charmé tout d’un coup, il avait cherché à recueillir la phrase ou l’harmonie — il ne savait lui-même — qui passait et qui lui avait ouvert plus largement l’âme, comme certaines odeurs de roses circulant dans l’air humide du soir ont la propriété de dilater nos narines.

Marcel Proust, Du côté de chez Swann – II. Un amour de Swann

 

(Monet, Nymphéas, 1908)

LABEL_BLOGOSPHERE_TV5.jpg

Commentaires

  • Voilà pourquoi j'aime les blogs, parce qu'un d'un seul coup on peut être transporté ailleurs dans "la mauve agitation des flots"
    j'ai écouté récemment lu par André Dussolier la promenades du petit Marcel au bord de la Vivonne et je retrouve la couleur des nymphéas

  • Vous prenez une pause et moi aussi, mais pas pour partir au Sud mais me consacrer à un travail que je dois achever à la fin de ce mois. J'avais prélevé une phrase de Ghelderode chez vous elle m'a tenu lieu de billet ce jour.Bonnes vacances

Écrire un commentaire

Optionnel