« Tout comme les chats s’accordent aux écrivains, à leur solitude et à leur silence, les chats s’associent au recueillement, à la paix et à l’isolement de la vie monastique. Je ne sais pas s’ils sont habités par une grande vie intérieure. Ils en donnent du moins le sentiment – et j’en ai pour ma part l’intuition. Regardez-les quand ils s’étendent, bien droits, les pattes de devant repliées sous leur poitrail, les yeux mi-clos ! On les croirait en méditation, en prières, en mâtines, comme si leurs pattes ou leurs mains étaient enfouies dans les manches de leur robe de bure. Ils prient. Ce qui ne les empêche pas d’avoir le goût du bien-être. Non pas celui du luxe ostentatoire mais celui d’un confort modeste et tissé d’habitudes. Le repas à telle heure, le repos à telle autre et les actions de grâces dans les moments perdus. Ils sont faits, en somme, pour obéir aux règles. Les leurs, bien entendu. Les monastères leur conviennent. Les cloîtres leur semblent un lieu idéal de promenade. Le rêve d’un chat ? Etre un bénédictin. Ou mieux : un chartreux. »
Frédéric Vitoux, Dictionnaire amoureux des chats
Commentaires
Très beau texte! Très juste.
Le moine lui-même ressemble à un chat.
Il est dans le monde sans y être.
Il observe sans arrêt.
Il ne dort que d'un œil car il prie avec le reste de son corps, jour et nuit.
Très bel extrait, qui me donne envie de plonger dans ce dictionnaire.
Demeurer vigilant tout en ayant les yeux plissés... Sacrés chats...
C' est bien ca, Tania,
les chats aiment les écrivains parce que se sont des gens calmes qui les laissent faire ...
Bon jeudi,
Eva
Bonsoir Tania,
Magnifique extrait que je ne connaissais pas pour ces créatures mystérieuses et indépendantes.
Bonne soirée!