L’œillet a parfois mauvaise réputation. Je n’aime guère les gros œillets que mon père, qui les aimait, lui, glissait en compagnie d’autres fleurs quand il offrait un bouquet à ma mère. Mais l’éclatant œillet des chartreux, rencontré en chemin, me plaît beaucoup, et aussi l’œillet dit bleuâtre, au parfum aussi délicat que sa couleur.
Il manque quelque chose à un séjour sans fleurs. J’y mets volontiers de petits œillets, et c’est merveille de les voir s’ouvrir, jour après jour. Monochromes au premier abord, ils ont l’art, avec le temps, de déployer toute la gamme de leurs couleurs, de l’orange vif au rose saumon, du rose intense jusqu’au jaune pâle – avant de s’éteindre.