A Maria Pavlovna Tchekhova [sa sœur].
Ma chère Macha, je te lègue la propriété à vie de ma datcha de Yalta, l’argent et les revenus de mes œuvres dramatiques et à ma femme, Olga Leonardovna, je lègue la datcha de Gourzouf et cinq mille roubles. Tu peux, si tu le souhaites, vendre les biens immobiliers. Donne à notre frère Alexandre trois mille roubles, à Ivan – cinq mille et à Mikhaïl trois, à Alexeï Doljenko – mille roubles et à Elena Tchekhova (Lelia), si elle ne se marie pas – mille roubles. Après ta mort et celle de notre mère tout, hormis le revenu des pièces, sera mis à la disposition de l’administration municipale de Taganrog pour les besoins de l’instruction publique, quant aux revenus des pièces, ils iront à notre frère Ivan, et après sa mort, à lui, Ivan – à l’administration municipale de Taganrog, pour ces mêmes besoins relatifs à l’instruction publique.
J’ai promis aux paysans du village de Melikhovo cent roubles pour le paiement de la grande route ; j’ai également promis à Gavril Alexeevitch Khartchenko* (Kharkov, Moskalevka) de payer le lycée pour sa fille aînée, tant qu’elle ne serait pas dispensée des frais de scolarité. Aide les pauvres. Ménage notre mère. Vivez en bonne harmonie.
Anton Tchekhov
Le 3 août 1901, Yalta
Anton Tchekhov, Vivre de mes rêves. Lettres d’une vie
*Connaissance de Taganrog [sa ville natale] où, enfant, il travaillait à la boutique du père de Tchekhov.
Cette lettre-testament, certifiée par notaire, fut apportée à Yalta par Olga Knipper après la mort de Tchekhov en juillet 1904.
Photo : Anton Tchekhov et sa femme, Olga Knipper-Tchekhova, Yalta, 1901
Commentaires
Une lettre testamentaire écrite trois ans avant sa mort qui se conclut par "aide les pauvres". Ca me donne envie de relire Tchekhov que j'ai lu au lycée. J'avais même joué l'Ours, dont je ne me souviens que de la drôlerie
Une comédie que je n'ai jamais lue ni vue ;-).
Tu donnes vraiment envie de le lire ! Un Humain cet homme.
Absolument. Bon week-end, Thaïs.