« – Si vous n’aviez plus de nom à présent, monsieur Okada, comment devrais-je vous appeler ?
– Oiseau-à-ressort. C’est du moins le seul nouveau nom envisageable pour moi.
– Monsieur Oiseau-à-ressort, répéta-t-elle en écho, avant de laisser les syllabes flotter dans l’air pour les admirer. Je trouve que c’est un nom magnifique, mais qu’est-ce que c’est que cet oiseau ?
– L’oiseau à ressort existe réellement. Je ne sais pas à quoi il ressemble. Je ne l’ai jamais vu. La seule chose que je connaisse de lui, c’est son cri : ki kii kiii ! Il se perche sur une branche d’arbre et remonte régulièrement la pendule du monde. Sans son intervention, le monde ne peut pas fonctionner. Tout le monde l’ignore. Les gens sur terre croient que le monde fonctionne correctement grâce à un mécanisme gigantesque, complexe, splendide. Eh bien, non. En fait, l’oiseau à ressort se rend dans toutes sortes d’endroits, et là où il est, il remonte peu à peu les petits rouages qui font marcher le monde. »
Haruki Murakami, Chroniques de l’oiseau à ressort
Commentaires
Oh voilà un livre qui m'attire... Merci de l'avoir mis en avant.
Belles fêtes de f in d'année, Tania.
Merci, Emma & bonne lecture si tu suis ce drôle d'oiseau !
Ah cette étrangeté; c'est un extrait bien choisi. Murakami..........Curieux qu'il n'ai t pas inspiré un cinéaste. Bon week-end, Tania. Amitiés
Un cri d'oiseau comme ressort du monde, c'est une si belle image ! Merci & pareil pour toi, Anne.
Bonjour, je connais pas Murakami, un manque sans doute - que je devrais combler.
Impossible de tout lire, en effet. Je vais glaner quelques poèmes sur "La chanson grise / Où l’Indécis au Précis se joint."
Merci de te souvenir de ce vers de Verlaine...
Un magnifique Art poétique inoubliable, Jean-Claude !
J'aime beaucoup ce passage amusant, poétique et tellement vrai !
Oui, c'est une belle invention de Murakami que cet oiseau qui remonte la pendule du monde.