« Le tapis épais absorbe les pas. Ils grimpent. Quatre mondes l’un à la suite de l’autre, silencieux. Ce matin même, ils ignoraient tout de leurs existences respectives. Désormais ils ont en commun cette maison où ils viendront chaque jour, c’est le contrat, et cet homme qui les attendra, chacun à son heure. Est-ce qu’on choisit les liens qui vont se tisser lorsqu’on va travailler dans un bureau, une usine, une école ? On va se parler, forcément, et même finir par deviner à la façon de se dire bonjour le matin comment chacun va. On se connaîtra… un peu. On n’aura pas choisi. Ces quatre-là maintenant auront un lien encore plus fort. Ils toucheront les mêmes objets, monteront et descendront le même escalier. Chacun laissera son empreinte dans la maison. Peut-être prendront-ils ainsi une connaissance plus fine les uns des autres, sans même se rencontrer. A leur insu. »
Jeanne Benameur, Profanes
Commentaires
Cet extrait me replonge tout de suite dans l'ambiance de ce roman. Je m'aperçois qu'il m'est bien resté en mémoire.
"Est-ce qu’on choisit les liens qui vont se tisser lorsqu’on va travailler dans un bureau, une usine, une école ?" J'ai d'abord pensé ne citer que cette phrase, et puis j'ai préféré en donner le contexte qui illustre davantage l'atmosphère du roman, tu le confirmes.