« Dès qu’elle [Lily] levait les yeux et les apercevait [les Ramsay] elle était envahie par ce qu’elle appelait « l’état d’amour ». Ils appartenaient aussitôt à cet univers irréel qui vous pénètre et vous transporte et qui est le monde vu à travers les yeux de l’amour. Le ciel s’attachait à eux ; les oiseaux chantaient à travers eux. Et, chose plus passionnante encore, elle sentait en outre, en voyant Mr. Ramsay s’avancer puis battre en retraite, et Mrs. Ramsay s’asseoir avec James à la fenêtre, et le nuage se mouvoir, et l’arbre s’incliner, que la vie, à force d’être faite de ces petits incidents distincts que l’on vit un à un, finit par faire un tout qui s’incurve comme une vague, vous emporte et, retombant, vous jette violemment sur la grève. »
Virginia Woolf, La promenade au phare
Commentaires
Comment un grand style a le pouvoir de transfigurer le banal et le quotidien.
Un style tout en mouvement ici, un grand style, comme vous le dites.
Très belle couverture !
Merci, cet extrait est si plein de force...nature qui emporte, qui écrase parfois aussi.
Bon dimanche Tania.
J'éprouve toujours une tendresse particulière pour un texte de Virginia Woolf! Merci de ce petit conseil éclairé!
@ Aifelle : N'est-ce pas ?
@ Colo : Toute une vie à surfer sur la vague du temps...
@ Alezandro : Merci, Alezandro, il y en aura d'autres.
Quel style, en effet!
Je viens de voir les liens que tu as ajoutés vers d'autres lectures, je vais aller les lire.