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Un essaim amoureux

 L’été n’est pas fini / 8     

L'été n'est pas fini 4.jpg 

Avant que d’avancer puissamment dans la nuit, avant que de risquer ses avalanches chaudes,

Mesurez l’ampleur en vous d’un hiver précoce et le poids de lumière qu’il faudra lui opposer.

Sachez que le poète n’a d’existence que dans le lieu sans privilège du doute passionné et de la ferveur menacée.

Retournez-vous sept fois dans vos songes avant d’y bâtir un espace, fermez vos yeux sur la parole comme on mouche la bougie pour suivre l’ascension du jour.

Vous élirez pour frontière un vent dissimulé, et ce jaillissement du souffle qui est la faveur des amants couronnés. Vous serez sur la terre d’un poignant exil, vos gestes verdiront, vous glorifierez vos yeux, soit !

Mais chacun de vos pas désormais sera le pas d’un ermite affamé. Dans chacun de vos dons vous craindrez ce froid trembleur et inflexible qui afflige le soir. Chacun de vos regards, comme la dédicace de l’aveugle, sera l’éloge d’un fascinant secret.

Jean-Pierre Siméon (France)

 

Les poètes de la Méditerranée, Anthologie, Poésie/Gallimard, Culturesfrance, 2010. 

Commentaires

  • Un poète que je ne connaissais pas du tout.
    Très beau ce vent dissimulé qui fait office de frontière, on les voudrait toutes comme ça!!!
    Hasta pronto amiga, un beso.

  • Dans la région de Huy, partage d'une longue et belle soirée avec une religieuse ermite. Elle souhaitait entendre parler des cendres d'Auschwitz. Il ne m'avait jamais été donné d'écouter une femme aux idéaux si exigeants, aussi rare en elle-même. Elle me savait athée (et un lien avec la Shoah est évident). Elle personnalisait une église loin des ors et des dogmes mais en recherche, en interrogations, et nullement repliée sur elle-même.

  • Désolé de ne pas être venu ces dernières semaines, mais j'ai manqué de temps pour les blogs. J'espère que tu vas bien et te souhaite un bon dimanche. A bientôt.

  • Chers JEA, Colo, Gérard, Dominique, Niki, MH, Aifelle, Armelle, Jeanne, Damien, Delphine, Euterpe, Ariane, Vincent,
    Merci pour votre présence sur ce blog pendant mon escapade. Les poèmes ou extraits que je vous avais choisis parmi "Les poètes de la Méditerranée" (en collection de poche poésie/gallimard) ont des tonalités diverses et c'est tout le charme de cette anthologie de poètes contemporains.
    Dans la préface d'Yves Bonnefoy, quelques lignes pour vous (à rapprocher aussi de l'image de ce jour) :

    "Quelles invites, les rives de cette mer, à travers tant de siècles qui ne s'achèvent qu'à peine, laissant bien des lieux intacts encore ! Des criques attirent l'eau bleue entre leurs collines où l'olivier ou le pin étendent leur ombre jusqu'au plus près de la vague. Du sable s'offre aux enfants pour qu'ils y jouent dans l'eau sans marée, et quant au nageur il pourra, s'il est lassé, revenir au bord d'un ruisseau, s'asseoir dans la fraîcheur d'une terrasse d'auberge : et là c'est aussi la treille où mûrit la grappe sur laquelle erre l'abeille, et sur les tables il y a le pain et le vin. Une vie qui peut être heureuse, jour après jour, avec ses bonheurs proposés jusqu'au pied de la barque ou du navire."

  • Une photo superbe pour illuster un poème de Jean-Pierre Siméon,l'un des rares poètes que l'on lit avec plaisir dans ce monde en inquiétude et tourmente. Moins de temps ces semaines-ci pour me rendre sur mes blogs favoris, car très absorbée par la mise à jour d'un roman et la remise à niveau de mon blog "La plume et l'image", désormais consacré au cinéma et à l'humeur vagabonde. Interligne se réservant l'esprit des lieux et la littérature. Je vois que le vôtre poursuit son cours avec sa même élégance et sa grande culture. Quand je lis vos présentation d'ouvrages, j'ai envie de les acheter tous.

  • @ Armelle B. : Je me suis abonnée au flux d'Interligne et j'irai bientôt y lire vos nouveaux articles. Merci pour votre commentaire : il est vrai que je m'abstiens d'écrire sur les livres qui me déçoivent et que j'aime parler de ceux qui m'enchantent.

  • @ Maïté/Aliénor : Trouvé chez toi cette belle question de Siméon :
    « Que faut-il donc
    pour faire de l’homme
    un poème ouvert à tout vent ? »
    http://www.eclats-de-mots.fr/2013/03/22/3138/

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