« Sur les têtes qui crient dans le magasin, la faim a des oreilles transparentes, des coudes durs, des dents cariées pour mordre et des dents saines pour crier.
Il y a du pain frais dans le magasin. On ne compte plus les coudes dans le magasin, mais le pain est compté.
A l’endroit où la poussière vole le plus haut, la rue est étroite, les immeubles
sont penchés et serrés. L’herbe s’épaissit au bord des chemins et quand elle fleurit, elle devient insolente et criarde, toujours déchiquetée par le vent. Plus
les fleurs sont insolentes, plus la pauvreté est grande. Alors l’été se moissonne lui-même, confond les vêtements déchirés et la balle des céréales. Pour faire briller les vitres, les yeux qui sont devant et derrière comptent autant que les graines volantes pour l’herbe. »
Herta Müller, Le renard était déjà le chasseur
Commentaires
Bon, OK, je capitule. Je vais le lire, c'en est trop !:-)
(Adorable, la photo).
Etrange !
Très étrange !
Je dirais même plus...
C’est le genre de style qui me convient … : des mots qui « habillent » des situations surréalistes … qui font vivre les choses … un vocabulaire qui va plus loin que celui des dictionnaires et des écrivains … Quel poète !!! … les lignes s’envolent avec nous pour peupler nos rêves d’images nouvelles …
Pour écrire de cette manière, elle doit en effet avoir des yeux devant et derrière!