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Mal à l'aise

« On me demande régulièrement : « Comme ça, vous êtes aussi à l’aise en anglais qu’en français ? » - et on croit à une boutade quand je réponds : « Non, aussi mal à l’aise. » Mais ce n’est pas une boutade. Si on est à l’aise, on n’écrit pas : un minimum de friction, d’angoisse, de malheur, un grain de sable quelconque, qui crisse, grince, coince, est indispensable à la mise en marche de la machine littéraire. »

 

Nancy Huston, Le déclin de l’ « identité » ? (Ames et corps) 

Engrenage rouillé.jpg

Commentaires

  • en ce moment, quelques flocons sont aussi redoutables que des grains de sable
    il est vrai qu'une plage recouverte de neige, alors là...

  • Je n'aurais pas pensé qu'un engrenage pouvait être aussi esthétique ! et avant d'aller au bout de l'extrait, j'ai cru que tu parlais de toi .. mon esprit est enneigé.

  • @ JEA : à ma fenêtre, les plages de neige ne manquent pas - toit de l'école en face, trottoirs et petites rues de Bruxelles sous le coton. Mais on n'entend pas la mer (ni grand-chose d'autre en fait.)

    @ Aifelle : oui, j'aime cette photo qui rend la matière vivante. Pour l'anglais et pour la machine littéraire, voir Nancy H. - bien d'accord avec la dernière phrase.

  • Comme c’est bien vrai qu’écrire met mal à l’aise, d’ailleurs on se corrige sans cesse … on est insatisfait … les éditeurs doivent arracher les manuscrits … la pérennité de l’écriture qui sera jugée par les autres responsabilise … tandis que parler c’est tellement fuyant et souvent futile … : il n’en reste rien ou presque et déformé …

  • Chère Tania, j'aime beaucoup Nancy Huston, "l'empreinte de l'ange","une adoration","Lignes de faille",mais aussi "Professeurs de désespoir"et le très bel hommage à son amie "Passions d'Annie Leclerc". Je pense comme elle et comme beaucoup de femmes que la "virilité" est une fiction mortifère qui ravage non seulement les victimes mais aussi les assassins. Je crois en une virilité solaire et positive, je connais fort heureusement des mâles qui ont jeté aux orties tout le fatras délétère dont on a tenté de les encombrer. Ce sont eux nos meilleurs alliés pour dynamiter (joyeusement cette fois) un carcan aussi désuet que la cotte de maille. Bien à vous

  • @ Doulidelle : écrire et dire, c'est très différent, oui. L'un et l'autre peuvent être futiles, non?

    @ Zoë Lucider : la lecture de "Professeurs de désespoir" m'a mise mal à l'aise, pour ma part, un essai parfois dans l'outrance. Je lirai son hommage à Annie Leclerc dont "Parole de femme" avait suscité bien des controverses dans mon entourage. Merci pour votre joyeuse attaque des guerriers !

  • Cela me conforte dans l'idée que toute écriture correspond à un déséquilibre mais on peut considérer aussi que tout équilibre est un moment suspendu entre deux déséquilibres. Bref, on est pas sorti de l'auberge.
    J'ai un jour écrit :
    L’écriture dans ses premiers retranchements,au seuil de la conscience
    Est un cri d’amour ou de révolte
    Un cri d’affirmation ou de souffrance

  • @ Tania : Écrire et dire peuvent être futiles, cependant la futilité en écriture, par sa publication (Verba volant,scripta manent) est soumise au jugement des « lecteurs » qui risquent de ne pas être tendre dans leur appréciation …

  • @ Saravati : équilibre instable, en effet ! Du "cri" naît l'écrit, qui prolonge le cri, le décrispe, le décrypte. Et la machine est lancée, comme dirait N.H.

  • @ Doulidelle : les paroles s'envolent, certes, mais s'offrent aussi au jugement d'autrui (dans une moindre mesure, sans doute), et sans qu'on puisse les reprendre, les nuancer, les corriger, les effacer même. Ce n'est pas non plus sans risques. Et que de malentendus peuvent en naître : "Tu as dit... non, c'est toi qui as dit... mais j'ai dit... j'ai voulu dire..." - tu vois ce que je veux dire?

  • « Ce qui t’empêche d’écrire, c’est là le véritable sujet de ton écriture » Marina Tsvetaeva

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