Pause en poésie / 5
Il faudrait s’éveiller, et que ce soit la fête
Pour les oiseaux muets qui vivent sur les murs.
Depuis l’éternité les branches les arrêtent,
Mais j’ai toujours rêvé d’entendre leur murmure.
Les aras longs et bleus regardent à la vitre,
Et des duvets précis me touchent par moments.
– Je me souviens d’un singe au visage si triste,
Qui tournait l’orgue vite et trop distraitement.
La fête des oiseaux sera folle et timide.
Aux branches du silence ils n’attendent que l’heure…
Mais l’horloge invisible accapare le vide
Et fige les oiseaux dans leurs nids de couleurs.
Robert Vivier, Au bord du temps, 1936.