« Le plus ancien poème que Baumgartner décida d’inclure avait été écrit en 1971, quatre mois après le vingt et unième anniversaire d’Anna et un mois après son retour d’un an d’études à Paris (pris en sandwich entre deux étés passés à Madrid), et le titre de cette pièce initiale devint le titre d’un recueil à part entière, Lexique. Poèmes choisis 1971-2008. Ce n’était aucunement le meilleur des poèmes, mais Baumgartner adorait sa capricieuse étrangeté, cet élan effervescent qui parvenait on ne savait trop comment à révéler Anna elle-même et l’esprit de son œuvre tout à la fois. […] »
La petite fleur était si petite
qu’elle n’avait pas de nom
aussi appelai-je ma découverte
la « Gemme »
mais alors je me ravisai
et renommai le petit, tout petit point
de rouge vif étincelant
le « Comment allez-vous
Mrs Dolittle et où
étiez-vous donc ces derniers temps ? »
Dans la mesure où le petit point rouge était une fleur
il ne me répondit rien,
en conséquence je ne saurai jamais
s’il aimait le nom que je lui avais donné
ou pas. Je poursuivis ma promenade.
Quand je revins le matin suivant
pour voir si la fleur avait poussé pendant la nuit
le petit point rouge avait disparu.
Pour aller où Mrs Dolittle
et si vous êtes partie à jamais
pourrait-on me dire s’il vous plaît
pourquoi ce petit bout d’homme
de l’autre côté de la rue a ce large sourire
et un quelque chose de rouge microscopique à la boutonnière
qui luit comme une allumette craquée dans la nuit.
Paul Auster, Baumgartner
Illustration de couverture de la traduction néerlandaise (De Bezige Bij)
Commentaires
Un personnage vraiment intéressant ce dernier héros de Paul Auster, j'ai noté bien entendu ce roman qui est par chance dans ma médiathèque en ville...tout le problème est quand.
À la bibliothèque près de chez moi, ce matin, tous les livres d'Auster étaient empruntés. Tant mieux ! Bonne patience pour découvrir son dernier roman.
C'est le livre que je commence ce soir; Bien forcée: j'aimais cet écrivain, celui- ci son dernier est différent, paraît- il.
Ceci dit, chez cet auteur, c'est toujours légèrement (ou beaucoup) fait de son autobiographie. Je l'ai feuilleté, je sais que je vais l'aimer!
A part le ton différent peut-être dû à la traduction, j'ai bien retrouvé Paul Auster et son attention aux rencontres, aux relations avec les autres dont son héros est fait - comme nous tous ? Bonne lecture, Anne.