Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Quelque chose cloche

desarthe,la chance de leur vie,roman,littérature française,famille,états-unis,france,culture« « Tu as remarqué ? Du matin au soir, presque tous les jours, des catastrophes, des crimes. Ça me donne l’impression d’être criblée, en morceaux. On écope, on écope. Mais la plupart du temps, on reste assis à côté de la radio, devant l’ordinateur, complètement cons. »
Elle éclate en sanglots et Lester la prend dans ses bras.
« Le monde n’est pas pire qu’avant, murmure-t-il dans les cheveux de sa mère. Il se manifeste différemment. On peut pleurer pour des gens que l’on ne connaît pas. Il faut pleurer pour ceux que l’on ne connaît pas. » Puis il ajoute, plus bas encore : « Et prier. Prier pour eux.
– Qu’est-ce que tu marmonnes ? demande Sylvie en reniflant. Tu te moques de moi ?
– Non, je t’aime. »
Sylvie s’écarte soudain de son fils. Elle le dévisage. Quelque chose ne va pas dans cette réplique. Elle pense : Je n’ai pas élevé un enfant pour qu’il me rassure. Je n’ai pas élevé un enfant pour qu’il me dise « je t’aime » avec bienveillance. Quelque chose cloche chez ce garçon. »

Agnès Desarthe, La chance de leur vie

Commentaires

  • Une femme à l'inverse de toutes les mères qui ne rêvent que de ça! Très tentant ce roman, merci pour l'extrait qui illustre où ça cloche.
    Bon week-end Tania.

  • C'est une mère pas comme les autres, je confirme. Veux-tu que je te l'envoie ?

  • Rien ne cloche chez ce garçon; Il raison: les infos sont désastreuses pour le moral. Quand je suis en Inde par exemple, je vis sans radio, sans télé, et c'et bon. Il faut du recul. Il y avait avant des guerres, des séismes, mais on les apprenait plus tard adoucis par la distance, le temps…….
    Bon Week-end Tania!

  • D'accord pour garder une certaine distance, bien sûr, même si c'est plus difficile dans des périodes troublées. Sylvie s'étonne aussi d'entendre prier son fils, son mari et elle n'étant pas croyants.
    Bon week-end à toi. Froid et soleil ici.

  • Je suppose qu'elle fait cette réflexion par rapport à ce qu'elle connaît de son fils d'habitude ? Il est sûrement en train de changer.

  • Dès le début du roman, ce garçon a des réactions inattendues. Il me semble que dans ce passage, elle se rend compte de l'inversion des rôles - l'enfant qui rassure sa mère et non l'inverse - et que cela la renvoie à ses propres doutes sur elle-même.

Écrire un commentaire

Optionnel