« Pluie déchaînée sur le bassin. Le bassin est criblé de petites épines blanches qui surgissent et disparaissent ; le bassin est hérissé de petites épines bondissantes, semblables aux piquants d’un jeune porc-épic. Il se hérisse, et puis des vagues noires le traversent : frissons noirs ; et les petites épines d’eau sont blanches. Pluie désordonnée, que les ormes font rebondir. Le bassin déborde d’un côté. Les feuilles des lis d’eau tirent sur leur tige ; la fleur rouge, un pétale battant au vent, part à la dérive. Tout à coup, pendant un moment, la surface est parfaitement lisse, et puis piquetée d’épines semblables à du verre mais qui rebondissent sans arrêt. Passe une rapide tache d’ombre, et maintenant voici la lumière du soleil : verte et rouge, resplendissante : le bassin est vert sauge, l’herbe d’un vert éclatant ; baies rouges dans les haies ; vaches très blanches ; du violet au-dessus de Asheham. »
Virginia Woolf, Journal (Jeudi 4 octobre 1934)
Photo du buste de Virginia Woolf par Stephen Tomlin © 2016 Kim Stallwood
Commentaires
C'est beau ! On le voit...
Quel beau texte ! Quelle observation imagée de la pluie sur l'eau ! C'est ça le talent : faire des images insolites avec des mots et nous donner le plaisir de les imaginer avec poèsie pour faire chanter le cœur.---
comme toujours avec virginia woolf, un beau texte :)
Quelle symphonie de couleurs!
@ Witchy : N'est-ce pas ?
@ Doulidelle : Ton enthousiasme me ravit.
@ Niki : Ici un festival visuel.
@ Zoë Lucider : Sa plume est un pinceau !
Magnifique extrait, vraiment, on voit ces "épines" danser, se hérisser, le tout en couleurs. Merci.
Ses notations de promenade, ses descriptions m'enchantent.
Un magnifique texte (et une belle traduction)! On dirait qu'elle peint avec les mots : les textures, les sons, les couleurs, la lumière, le bruit, tout y est!
Bienvenue, Cathy. Oui, tout y est et quand nous lisons cela, nous y sommes.
P.-S. Pas moyen de laisser un commentaire sur C Comme, désolée.