« C’est l’automne déjà. Et, après les dernières battues des gardes civils et le retour vers le sud des troupeaux transhumants, tout retrouve son ordre et son calme autour de nous : les provisions et le bois pour le feu accumulés tout au long de l’été, le cochon mis à fumer au fond de notre caverne – et de certaines cuisines anonymes de Pontedo et de La Llánava –, les sons de la vallée et des montagnes, la ronde monotone du soleil et de la lune, celle des relèves de la garde civile et notre interminable et ennuyeuse surveillance. Tout sauf nous, chaque jour plus seuls et plus désespérés, chaque jour plus hantés par l’hiver qui s’annonce, comme à l’accoutumée, interminable et féroce et qui, à nouveau, changera ce trou humide en une tanière infecte tout juste bonne pour des bêtes pestiférées. »
Julio Llamazares, Lune de loups
Commentaires
Les gardes civils ont longtemps sévi. Dans ma jeunesse au pays Basque espagnol, ils rôdaient sur le Jaizkibel, cette montagne qui domine l'océan entre Hondarrabia et San Sebastien. Ils vivaient en binomes dans des cahuttes de pierre. Chaud l'été, froid l'hiver. Mes parents leur apportaient des abricots et je leur donnais (parfois) des mûres que j'avais ramassées dans les fougères. Ils s'ennuyaient. Ils me fascinaient.
@ Damien : La vie dans les montagnes, la solitude, ta jeunesse... Il me semble que ce roman devrait te plaire. Merci de partager ici ces souvenirs, Damien. Demain, je retrouve le Valais, où l'été se fait désirer comme à Bruxelles, semble-t-il.
Bon voyage Tania, en espérant que le temps s'améliore.