« L’aéroport de Ouagadougou est un lieu simplement fonctionnel : une piste pour les avions, un couloir pour les passagers, deux guérites en contre-plaqué pour le contrôle des passeports.
Rien d’autre.
Trente-neuf ans que j’étais parcouru des lignes de tension occidentales, découpant le monde en petits secteurs d’activités, comme le feraient des fourmis sur une carcasse de vache.
Durant les quinze minutes bordéliques où je fis la queue jusqu’à ce qu’un grand policier noir appose un cachet sur mon passeport, je sentis que toutes les courroies qui me retenaient à quai depuis tellement d’années lâchaient les unes après les autres.
C’était une impression agréable. Peut-être proche de ce que peuvent ressentir les cosmonautes découvrant l’apesanteur. »
Thomas Günzig, La circoncision des crocodiles
Commentaires
Bon, ca y est, avec le billet précédent et celui-ci, j'ai envie de partir immédiatement pour le Burkina Faso.
En plus, comme j'ai des problèmes de tensions musculaires en ce moment, j'ai l'impression que c'est un pays qui moi aussi me délivrerait, comme il semble délivrer Günzig.
C'est très juste ce qu'il écrit, ce voyageur. Larguer les amarres, c'est aussi se débarasser des courroies qui nous lient au monde connu. L'ivresse de l'inconnu, déconcertante et parfaitement exaltante, est une des grandes aventures réelles et tellement odorantes que le virtual ne connaîtra jamais. Bien à toi, Tania.
J'imagine la sensation des courroies qui lâchent les unes après les autres et je savoure ..
Pendant ce temps, à l'aérodrome de Moscou...
@ Euterpe : Les jours gris succédant aux gris ou aux rares embellies de ce mois de janvier, je partage votre envie de départ immédiat.
@ Damien : Venant de toi, comment ne pas le croire ? Merci, Damien.
@ Aifelle : Heureusement, pour se détendre, un peu de marche ou de yoga peut aussi rendre quelque légèreté au corps (et sans pollution).
@ JEA : ... L'infamie.
Passage que j'avais aimé aussi.