« Comme si c’était un miracle que je puisse connaître ça par cœur, qu’une femme puisse s’intéresser à autre chose qu’à des liserons dans une haie, ou au sexe des messieurs, cet ambassadeur est peut-être intelligent, mais il se croit obligé de faire le coq parce que j’ai une robe légère et que je suis mariée, qu’eût valu une vie pour laquelle il n’eût pas accepté de mourir ? et Philippe qui ne se doutait pas que je connaissais le roman, il croit qu’il suffit de m’aimer, de m’épouser, et de me regarder comme un furieux parce que ce soir je n’ai pas
mis de jupon, un mari moderne, j’en ai fait le tour, mort saturée de ce chevrotement fraternel, assemblée de vaincus où des multitudes reconnaissent leurs martyrs, ce monsieur Goffard a du culot, aucun respect pour son auteur, il lui vole le rôle, Malraux est beaucoup plus attentif aux gens que je ne l’imaginais, de l’allure, pas de tics, il joue beaucoup ce qu’il dit, sans prudence, légende sanglante dont se font les légendes dorées. »
Hédi Kaddour, Waltenberg (chapitre 7)
Commentaires
Le lien vers la Condition humaine, m'a permis de retrouver cette prose foisonnante et un peu "étouffe-chrétien" de Malraux que je n'ai pas relu depuis mon adolescence. Ce livre semble en effet intéressant. Sept cents pages dites-vous ? Vous êtes une lectrice boulimique :-)
"La locomotive et le kangourou" ou "La locomotive et le perroquet" c'est quio la Condition humaine ?
@ Zoë Lucider : je n'ai pas relu ce Malraux depuis longtemps non plus, mais les conversations dans "Waltenberg" ont ramené les passages auxquels ils font allusion avec une fraîcheur qui m'a surprise et enchantée.
@ MH : les formules surprennent, oui, et invitent à relire.
Légendes sanglantes, légendes dorées, oui, et combien!
Comme Dominique, j'ai pris du retard dans presque tout cette semaine. Mais je te lis guapa, tu le sais!
@ Colo : du retard ou de l'avance, tout est relatif.
"il croit qu'il suffit de m'aimer"...Brrrr! Tout est dit.