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Les rêves impossibles

 

Promenade (novembre 2009).JPG

 

Tout est à jamais perdu pour l’homme

qui sans retour renonce à son passé

aux jeux à l’enfance des jours ensoleillés

et ce qu’il n’a pas reçu en partage il l’invente

Le ciel laissait tracés sur la pierre sèche

les échelons des marelles de craie blanche

La tête couronnée de l’odeur des lilas

cueillis derrière les murs de la cour de l’école

où je faisais les cent coups sous la pluie d’été

j’escaladais les remblais des chantiers en détresse

et dans l’angoisse des veillées les orages épiés

venaient délirer tout haut leurs rêves impossibles

Au bord des champs troués de pauvres fleurs de sang

j'écoutais balbutier les complicités de la terre

le langage entêté des oiseaux en colère

je découvrais les feintes les soupçons trompeurs

dans les souvenirs de jeunesse chassés à grands cris

Le temps qui a passé et les jours de reste

n'ont pas arrangé toujours au mieux mon lot

la mémoire n’a pas eu la peau assez dure

pour que j’oublie le poids et la brûlure des larmes

 

Albert Ayguesparse (1900-1996), La traversée des âges (1992)

 

Commentaires

  • Dire que d'aucuns ont voulu utiliser cette peau des mémoires pour en faire des abat-jour...

  • Un poème qui dit l'émotion de la mémoire bel hommage supplémentaire à tous ceux que l'on ne veut pas oublier même sans les avoir connus

  • Quelle discrétion bien caractéristique de Tania, que ce texte :
    On se laisse aller à sa lecture et on s’arrête pensivement sur le passage «Au bord des champs troués de pauvres fleurs de sang » … on clique … apparaît alors la pierre élevée à l’endroit où un homme jeune a été fusillé par un peloton parce qu’il avait refusé de se soumettre à un occupant qui lui enlevait sa liberté … « les fleurs de sang » seront éternelles si nous les alimentons du souvenir …
    « La mémoire n’a pas eu la peau assez dure »
    « pour que j’oublie le poids et la brûlure des larmes »

  • La mémoire, n'est-ce pas de la vie qui passe et ne peut passer?
    Dans la belle continuation de ta note précédente.
    Comme une musique pour apaiser les mots.

  • L'histoire de votre oncle 'traverse les âges' à travers ce beau poème et l'image raconte son drame, c'est très émouvant.

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