« Ca s’ouvrait en variations infinies : rubans de nuages mauves, douche de lumière et rideau de pluie diagonale et jaune, rien ne manquait à l’appel. Au loin, le mélange de bleu intense et de blanc lumineux n’en avait plus pour longtemps, ça cavalait à quatre-vingts kilomètres-heure et sur le sable, de larges bandeaux d’ombre fuyaient vers les pointes, puis le soleil repeignait tout en un clin d’œil, c’était quelque chose de voir avancer la lumière, de suivre sa course folle. A nos pieds, la mer tanguait sec, les cormorans s’en foutaient on les voyait plonger sous la surface et remonter quelques secondes plus tard, le cou tendu vers le ciel, où glissaient de minuscules poissons argentés. L’heure tournait, il a fallu s’arracher à tout ça, la voiture nous attendait à l’ombre d’un grand pin, les roues avant enfoncées dans le sable meuble. »
Olivier Adam, Des vents contraires
Commentaires
"voir avancer la lumière"; beauté visuelle, difficile de "s'arracher à tout ça", rien de plus vrai!
Un bel extrait tout en couleurs et en sensations
Un extrait qui donne la sensation d'être sur place. Et la toile va magnifiquement bien avec.
On a l'impression de manger du sable, de cligner des yeux sous les bourrasques, d'essuyer des larmes qui frisottent sous le vent. On respire! Un vrai bon vent.
Cet extrait me donne envie de découvrir cet ouvrage ! Merci pour cette suggestion !
Dupe de rien, une course folle ne s'arrête pas... oui, on bouffe du sable, on en a plein les yeux mais on respire comme on a jamais respiré !! Superbe.