« La face du monde bouleversée ! J’ai toujours trouvé un peu risible l’importance que la plupart des humains attachent à ces choses. Selon que la terre est à eux ou à d’autres, ils ont une façon toute différente de la regarder et même de s’y mouvoir. Et pourtant, dans les faits, à qui est-elle vraiment ? Si on me le demandait, je dirais : au vent, qui brasse bien plus d’arpents que n’en possédèrent jamais les Radziwill ou les Zamoyski, courbe les blés en longues ondes dans la plaine, renverse des arbres, prélève sa dîme d’ardoises. Qui, de tout homme, fait un manant obligé de se découvrir sur son passage, de toute femme une serve dont il dénude les jambes et fouit les cheveux à son caprice. »
Diane Meur, Les Vivants et les Ombres
Commentaires
Oh là là, je le vois souvent sur les blogs ces jours-ci ce livre, je l'ai déjà noté, là tu m'achèves ! Pourtant je me suis promis de ne rien acheter tant que ma PAL ne diminue pas.
Voilà: depuis que j'ai lu la dernière phrase, je chantonne:
"Si, par hasard
Sur l'Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon
Prudenc', prends garde à ton jupon
Si, par hasard
Sur l'Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud
Prudence, prends garde à ton chapeau." (Brassens)
C'est un peu léger, je sais, je sais!
Ah ! oui notre terre est au vent qui « brasse les arpents … courbe les blés, renverse les arbres, prélève les ardoises, fait se découvrir les hommes et dénude les jambes des femmes … » mais c’est aussi lui qui chante dans la cheminée quand l’âtre rougeoyant est à nos pieds … et par canicule, c’est lui qui nous caresse de sa brise chaude et tendre… Mais il est aussi frais comme un teint de jouvencelle … tiède avant la nuit … et si léger quand il effleure le parfum des roses …