« En fin de compte, il ne cherchait qu’à inventer son histoire, à être Kweku par-delà la pauvreté. Il avait scindé sa petite histoire des autres, plus vastes, celles du Pays, de la Pauvreté et de la Guerre qui avaient englouti les histoires des gens de son entourage, les recrachant, villageois anonymes, rouages ; il s’était échappé sur la petite embarcation Sai, s’était ainsi affranchi pour les hauts et les bas d’une vie à l’abri du besoin : les victoires et les défaites dérisoires d’un individu (profession, famille) opposées à l’Etat (travail pénible, guerre civile) – oui, cela aurait amplement suffi, pense Kweku. Né dans la poussière, mort dans l’herbe. Une progression. L’abordage sur une rive lointaine. »
Taiye Selasi, Le ravissement des innocents
Commentaires
ce livre continue de me parler très fort...
C'est un tour de force de cette romancière, il me semble, de greffer sur cette mort de Kweku tant de force vitale.
Je passe te faire un petit coucou et te souhaiter un bon dimanche. A bientôt Tania.
Merci. Le soleil matinal se cache déjà, bon dimanche à toi.