« Quand on fait seul son pain, quand on est seul à le manger et quand ce n’est que du pain, pas de la transsubstantiation, on peut revendiquer une réelle solitude. Avoir voulu le partager avec le vieux à lunettes rondes était une hérésie, au moins une entorse à son dogme. Il le faisait le vendredi. Ce travail lui prenait beaucoup de temps, c’était donc un bon travail, puisque ses occupations n’avaient d’autre but que de combler ses journées avec un dérivatif corporel, sans lequel son esprit, s’il n’eût été occupé que de lui-même, se serait perdu. »
Jean-Marie Chevrier, Une lointaine Arcadie
Commentaires
Pour moi, faire (et réussir) mon pain, le manger ensuite avec de la confiture aux framboises glanées par mes soins, en contemplant le lac au petit matin, café + pipe + chien, me procurent des sensations que j'avais oubliées pendant l'Occupation citadine qui m'a accaparé pendat des lustres.
@ Damien : Oh, quelle belle réplique à cet extrait de Chevrier ! Merci, Damien, de partager avec nous ce moment parfait. (De la confiture aux framboises aussi sur mon pain ce matin, préparée par ma mère avec des fruits offerts par sa voisine.)
L'esprit qui ne s'occuperait que de lui-même se perdrait, - je le crois aussi, mais loin de moi l'idée d'essayer, - alors quoi de plus symbolique que le pain pour l'occuper?
Manger seul(e) parfois c'est gai, relaxant, mais partager ce que j'ai mitonné, est un tel plaisir.
@ Colo : Et pour ceux qui mangent à ta table, un régal, je peux en témoigner !