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Bavarder

« Ils burent, mangèrent, parlèrent de leur vie dans le bruit de la pluie battante qui ne semblait pas vouloir s’arrêter. Sans le dire, les trois hommes se sentaient bien là, près du feu. Ils parlaient, retrouvaient l’habitude oubliée de « bavarder autour d’un verre », se regardaient sans crainte car, plus gros ou plus maigres, chauves ou la barbe blanchie, ils gardaient une certitude : certains tigres ne se soucient pas d’avoir une rayure de plus ou de moins. Même l’histoire de Lucho Arancibia, avec ses deux frères engloutis dans la nuit dictatoriale, son passage par les salles de torture de la rue Londres et, plus tard, son internement dans le camp de concentration de Punchacaví d’où il était ressorti avec un fusible en moins, comme il le disait lui-même, n’était qu’une conversation de plus entre Chiliens, entre Sud-Américains, entre habitants de ce foutu sud du monde. »

 

Luis Sepúlveda, L’ombre de ce que nous avons été 

Sepulveda 05 09 2009.jpg.jpg

Luis Sepúlveda a Sarzana per il Festival della Mente 2009 Ó Elena Torre
(Wikimedia Commons)

Commentaires

  • Quel talent, ce Luis! Lui qui sent si bien ce continent marqué par les serres des condors et des dictatures. Tu as une ouverture livresque sur le monde, Tania,absolument...je ne trouve pas mes mots...impeccable.

  • "ce foutu sud du monde" qui, fort heureusement, s'arrange peu à peu.
    Politiquement du moins. Le reste suit/suivra peu à peu.
    Ton extrait est si émouvant...merci.

  • @ Damien : Si je ne vais pas jusqu'à croire, comme Colette, que "Le voyage n'est nécessaire qu'aux imaginations courtes", j'aime traverser les mots des autres, oui.

    @ Colo : Tu sais bien à qui et à quoi ce passage me fait penser...

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