« Des voix chuchotées d’enfants arrêtèrent le cri. En se détournant, elle les aperçut groupés devant le wagon. Ils étaient une dizaine ; des petites filles, des petits garçons, quelques mères. Ils tenaient des bouquets de fleurs à la main.
Des fleurs des champs qui venaient d’être cueillies, encore humides de rosée.
Sur tous ces visages tendus vers elle se lisaient le chagrin et la compassion. Une femme lui tendit une bougie allumée. Puis elle se signa et s’agenouilla. Les autres l’imitèrent ; Nathalie et le jeune soldat, dans le wagon, firent de même.
« C’est à eux que je dois de ne pas être devenue folle », dira Nathalie. »
Anne Wiazemsky, Une poignée de gens
Commentaires
Très belle scène, même si nous ne savons pas de quoi il s'agit, la tension est vraiment bien rendue.
Le prince vient d'être assassiné, un jeune soldat est allé chercher Nathalie qui découvre le corps d'Adichka déposé dans un wagon à la gare de Volossovo.
Voilà, chère Aifelle, pour le contexte de cette scène très émouvante.
Quel symbole d’espoir que cette bougie allumée ! … dans ce contexte révolutionnaire augurant d’une immense souffrance de près d’un siècle …
« Mieux vaut allumer une chandelle dans l’obscurité que de maudire l'obscurité dit un proverbe chinois attribué à Confucius … » et combien d’autres ne furent-elles pas allumées depuis !
Oui, cher Doulidelle, il faut garder allumée la flamme de l'espoir.
Les gestes, parfois, en disent plus long que les mots.
... ne s'était-elle pas étendue sur le corps torturé à mort d'Adichka ? je n'ai plus le livre pour le vérifier mais je me rappelle vaguement de ce passage tragique du wagon, très bien écrit.
La bougie est bienvenue !!
Oui, Claire, vous vous souvenez très bien. N'en disons pas trop...
Je lis ton extrait et je le vois. Magie des mots.
Veuillez m'excuser Tania, vous avez raison, ne pas trop en dire invite davantage à la lecture et participe à la réussite de vos billets, magiques.