L’ouverture du Louvre en nocturne le mercredi jusqu’à vingt-deux heures permet d’y terminer une journée parisienne en beauté, avant de reprendre le dernier Thalys pour Bruxelles. Les visiteurs sont moins nombreux le soir, on peut se retrouver seul, dans les salles moins courues, en tête à tête avec Corot, Chardin ou Fragonard, par exemple.
Mercredi dernier, on était loin de cette ambiance feutrée. C’était la grande foule. Dans les salles consacrées aux Ecoles du Nord, la reine Paola était présente à l’inauguration de l’exposition exceptionnelle de Jan Fabre, L’ange de la métamorphose, que le public peut découvrir jusqu’au 7 juillet dans l’aile Richelieu. Le site de France Culture en offre une excellente visite guidée (images et sons).
J’ignore si cela se produit fréquemment, mais tandis que je visitais l’exposition consacrée à Van Dyck graveur, l’art du portrait, le son d’un instrument qui s’accordait m’attira vers une salle voisine. Un jeune homme à la clarinette basse proposait avec une jeune accordéoniste, duo inattendu, une transposition du Voyage d’hiver de Schubert. Les musiciens s’étaient installés juste en dessous d’un magnifique paysage de neige, Environs de Honfleur, signé Monet. Pour les visiteurs qui choisirent de rester là pour les écouter, ce furent des instants magiques.
Imaginez-les, assis sur les banquettes ovales au milieu de la salle dédiée aux peintures de la donation Hélène et Victor Lyon, enveloppés par la voix chaude et caressante de la clarinette basse, accompagnée par l’accordéon. Sous les yeux, quelques belles toiles impressionnistes – il en reste au Louvre : d’autres paysages de Monet, dont les Glaçons sur la Seine à Bougival, des arbres en fleurs sur un Pissarro, Paysage à Pontoise, un chemin dans les bois de Sisley, des fleurs de Fantin-Latour…
Et, dans le même temps, la musique de Schubert. Un cadeau du ciel.
Ailleurs, des étudiants du Conservatoire jouaient sur divers instruments, seuls, en groupe. Plus loin, même, de jeunes danseurs aux pieds nus improvisaient sur une musique contemporaine interprétée par des cuivres. La plupart des visiteurs se détournaient des cimaises, ce type d’événement a aussi son revers.
Cette soirée du 9 avril 2008 au Louvre représente pour moi bien des choses. Elle restera un moment très particulier, touché par la grâce. Je le dédie à une femme remarquable, un professeur de français exceptionnel, qui a révélé à des générations de rhétoriciennes les beautés de la littérature, de l’art, de la musique, et qui, lors de voyages à Paris, les a initiées aux charmes de la ville lumière et de ses musées.
Commentaires
Quelle soirée! Ce mélange des genres artistiques, si courant dans des époques révolues, se reflète parfaitement dans ton texte et me fait le plus grand plaisir. La "spécialisation" a isolé les arts, ce qui me semble une erreur; musique, peinture,architecture, poésie...en se cumulant, se mettent mutuellement en valeur. Je trouve. Merci.
Votre billet est épatant! A mon avis vous serez intéressé(e) par le concours que lalibre organise pour ses meilleurs blogueurs en les invitant pour un w-e à Paris, Thalys, nuit d'hôtel et pass VIP pour la Nuit Européenne des Musées inclus.
Jetez un oeil sur http://nuitdesmusees.blogs.lalibre.be
Merci pour votre belle page nous invitant à découvrir Le Louvre en nocturne
pour admirer dans une ambiance feutrée les chefs d'oeuvre de l 'art comme ce merveilleux Renoir oh combien attachant et émouvant par la convocations de tous nos sens...
Merci pour ce moment magique que vous avez su faire partager. Je m'y croyais. Vous avez magnifiquement transmis une émotion culturelle. Je suis en train d'écouter "Le voyage d'hiver" ! Votre blog est très intéressant et très beau et je tiens à vous féliciter.
Racine
La couleur du peintre,
le son du musicien,
le geste du danseur.
Le tout, réuni
à Paris.
La marche, aussi,
rue de "Toutes les pluies".
Le bistrot, encore,
passage Flore.